Pourquoi ça passe pas ? Putain mais pourquoi ?! Il a tout fait comme il faut, il a pu se protéger et il contre-attaque. Le genre de truc qu’il maîtrise parfaitement, alors pourquoi ?! Est-ce du à cette faiblesse dans son bras et ce tremblement qui prend le dessus ? Est-ce cette énergie qui le quitte peu à peu par les plaies ensanglantées qui recouvrent maintenant bien des endroits de son corps ? Difficile à dire. Il ne supporte pas l’échec, et en voyant son sortilège contré par un Protego, il comprend au fond de lui que ça ne sent pas bon.

L’affrontement touche à sa fin. Chaque dernière attaque qui fonctionne risque d’être finale. Maintenant, c’est à lui de subir, d’une manière ou d’une autre. Il faut qu’il réagisse à temps. Les sortilèges de défense, il gère. Il connaît bien des manières de contrer une attaque. Il faut… Tout son corps est crispé dans l’attente. Il se prépare mais le mal de crâne s’insinue doucement mais sûrement en lui, le corps toujours penché en avant dans une posture ne parvenant aucunement à cacher sa faiblesse physique, il sait qu’il ne tiendra pas bien longtemps dans le duel si celui-ci s’étire en longueur. Il faut qu’il défende. Qu’il attaque ensuite. Qu’il gagne. Pour les Impériaux, pour Lucius, peut-être même un peu pour la Régente. Et pour lui.

Un dernier sort. Absurde, en comparaison des autres réalisés par Iudas jusque-là. Malin, mais peut-être pas le plus impressionnant. Alors Léandre lève le bras. Il lève le bras, si. Il ne réalise sans doute pas que son geste – son corps – a perdu en réactivité. Que son mouvement est trop lent pour contrer l’attaque. Son sort de protection est pourtant sur le bout de ses lèvres, lorsque l’attaque le percute. Pas du genre violent, non.

Dérangeant. D’un coup, le voilà plongé dans le noir, perturbé. Obscuro, un sort qui matérialise et impose un bandeau noir sur les yeux de sa cible. C’est suffisant pour signifier la victoire de l’agent d’entretien. Le type en charge de l’arbitrage, celui qui n’a pas moufté jusque-là, se contente de dire : « Iudas remporte la victoire ! ».

Des cris, des applaudissements.
Et la honte.
La défaite.

Léandre se sent perdre l’équilibre, son corps qui tremble, qui n’en finit pas de saigner. L’annonce de la défaite annonce l’arrêt de son parcours dans le tournoi. Son ego et son être ne le supportent pas. Les efforts cumulés jusque-là pour rester digne sont réduits à néant. Il sent que quitter l’arène va être difficile. Il refuse de se ridiculiser plus encore.

Il croit d’ailleurs entendre un mouvement de pas en sa direction. Qui donc ? Son adversaire, pour le railler une dernière fois ? Des officiels, pour lui procurer les premiers soins ? Il en a aucune idée.

Ce qu’il sait c’est qu’il crache : « LE PREMIER QUI M’APPROCHE JE LUI PÈTE LA GUEULE ! », tout en agitant mollement sa baguette tout autour de lui. Il s’adresse à personne et à tout le monde à la fois.

Il aurait très bien pu retirer d’un geste le bandeau sur ses yeux.
Il le laisse. Cela a au moins l’avantage de l’empêcher de voir les railleries sur le visage des gens, alors qu'il se traîne jusqu'à la sortie de l'aire de combat.

Léandre, duelliste impérial d’Aquila, a perdu contre Iudas… l’homme de ménage.