Je pensais que nous avions laissé les catastrophes derrière nous. Que l’Enclave nous laisserait un peu en paix après nous avoir enlevé Lucius. Qu’il n’arriverait rien de pire que cette fameuse peste magique qui a décimé le peuple. Et, alors que je regarde la fin du festival et l’été décliner en ce jour je suis presque tenté de croire que tout va bien. Même, que tout ira mieux et ce, même si l’on perd cette fois.

C’est alors que je sens le sol trembler et je crois encore, naïf, qu’il s’agit de la clameur de la foule… Mais les secousses s’étirent trop de secondes et j’entends des cris, j’entends le sol gronder de plus en plus fort… Et je n’ai pas le temps de penser, je n’ai pas le temps de crier, lorsque les tremblements finissent par se calmer, que j’ouvre de nouveau l’oeil et que la poussière retombe lourdement sur le sol je la vois s’articuler devant moi.

Une nouvelle catastrophe et peut-être, peut-être une nouvelle fin du monde… Alors je me rue comme je le peux vers la tribune officielle, comme je le peux, baguette en main pour écarter les gravas. Et sans réfléchir j’abandonne ceux qui me supplient de les idées. Et je pense à Vox, Atticus, Léandre, je pense à eux, mais celle qui occupe mon esprit porte un autre nom.

Isadora, toi notre régente, celle a qui l’on a confié Aquila. Isadora et tes jolis cheveux long, Isadora et ton sourire mutin. Isadora tu dois savoir que moi je t’ai longtemps aimé, trop tendrement je crois, comme un père aime ses enfants. Je t’ai vu grandir, t’épanouir lorsque j’étais encore ton chef de division et quelques souvenirs me reviennent en tête, comme pour raviver l'urgence que je ressens. Et je te jure, je te jure qu’il est hors de question que je te perde. Toi ou une autre.

Lorsque j’arrive, finalement je dis, la voix rauque :

Isadora ! Est-ce que tu vas bien. Faisant fi des convenances, une fois, juste une fois. Je tends ma seule main valide et j’attends. J’espère, j’espère que tu n’as rien, parce que je suis trop vieux pour porter une nouvelle fois le deuil.