happiness is not
a house where you can live

en toute honnêteté,
tu n’aurais jamais pensé monter sur scène dans l’enclave.

ton mentor t’avait bercé à l’idée tant de fois. à force, ton refus d’abord catégorique s’était changé en quelque chose de plus hésitant, plus optimiste : une sorte de promesse pleine de “et si ?”. quand il avait disparu, tout avait été balayé. tu avais pris une pelle, et tu avais enterré la voyance et le chant pour te tourner vers la médicomagie - de quoi te rendre utile dans la recherche de celui que tu aimais le plus au monde. mais avec le temps, la voyance avait refait son apparition dans ta vie, peut être par nostalgie, peut être par désir d’avoir de quoi te rappeler qu’il existait vraiment, qu’il n’était pas qu’un fantôme de ton passé.

c’était maintenant au tour de ta voix de résonner de nouveau.
et contre toute attente (dont la tienne), c’était un membre d’aquila qui s’était fait le catalyseur de cette décision : sahara. en sa compagnie, tu te demandais ce que les plus sévères des liontaris penseraient - et puis tu te disais : quelle importance ? personne ne vous embêterait à ingary, là où vous passiez le plus clair de votre temps ensemble.

comme aujourd’hui.
c’était après une représentation qui t’avait fait t’étaler en milles courbettes et remerciements que vous vous étiez retrouvés ensemble, comme à votre habitude. et comme à chaque fois, tu parvenais difficilement à croire à ce que tu venais d’accomplir - et comme à chaque fois, ton anxiété se perdait à mesure qu’une impression de déjà vu inexplicable s’installait en toi.

tu avais déjà fait ça, tu en avais la certitude.

merci beaucoup pour aujourd’hui, finis-tu par lâcher, après un instant de silence nécessaire pour que vous repreniez tous les deux vos esprits. tu lui souris avec toute la gratitude que tu serrais contre toi, mélangée à d’autres émotions parfois contradictoires : l’embarras. le stress. l’excitation. la mélancolie.

la douleur.

celle-ci était à ton poignet. si vive qu’il te fallait parfois vérifier qu’il n’était pas sanguinolent et décharné. d’abord, tu ne l’avais pas comprise : est-ce que tu devenais folle ? c’était là une de tes plus grandes craintes. mais à force d’y réfléchir, tu remarquais certains détails à son sujet, dont le plus important : tu ne la ressentais qu’en présence de sahara. ce que tu aurais aimé voir, pour vérifier l’état de ses avant bras en un coup d’œil. mais tout ce que tu savais faire, c’était subir, et approcher ta main de la sienne dans des moments opportuns pour confirmer tes suspicions.