De faibles pas menant à la population, menant aux bruits, à la proximité. Noch, les jambes tremblantes, la gorge serrée à l’idée de devoir se mélanger, de bousculer un inconnu au regard haineux, de s’engouffrer dans la foule. Un dynamisme toujours plus épuisant, loin de la solitude, du calme et de la sérénité. Hésitant, il avançait tout de même dans cette direction à demi désirée, évitable, et pourtant, le devoir et l’envie de s’y confronter; un paradoxe dénué de toute beauté. De ses mains il cramponnait la lanière de son sac, tout comme il cramponnait sa poitrine, un acte de peur mais qui, d’un certain point de vue, lui offrait force et courage. Le courage de ne pas interrompre sa marche pour rebrousser chemin. Ingary, cette terre connue et inconnue dans le même temps, un endroit où les moments se faisaient brefs, juste le temps de quelques affaires. Tout comme ce jour, celui où il rejoignait Vox, la femme aux mille et une montagnes d’or. Ses poches et ses tiroirs devenant la caverne d’Ali Baba, s'amplifiant par moments, rétrécissant à d'autres, Noch de ses yeux innocents contribuait à la garnison, tantôt apportant une vice rouillée, tantôt un artefact de valeur. Même s’il n’avait pas manqué de rapporter une dose peu conséquente de babiole ce n’était pas son motif principal, il s’agissait de quelque chose de plus important, bien plus important. Vox, Noch, deux êtres inquiets, deux êtres aux multiples intégrations, deux êtres trouvés pour lever les mystères. Enfin, le jeune homme avait rencontré quelqu’un partageant ses doutes concernant la disparition de Lucius et ce qui l’entourait. Ainsi, l’enquête avait commencé, les liant progressivement dans l’espoir de trouver des réponses.
L’impasse des Aveugles. Cette ruelle renfermant humidité et obscurité, mélangé à un dernier sentiment d’inquiétude, comme si une dague pouvait subitement vous traverser le dos. C’est ici que la jolie blonde vivait, se plaisant sans doute dans cet endroit désolé, l’enfant Noch quant à lui détestait traverser les lieux. Arrivé devant l’échoppe il ne tarda pas à ouvrir la porte, sans doute inquiet que le danger puisse surgir de l’ombre. Le regard suivant le sol, il avança vers le comptoir pour s’y planter maladroitement, ses lèvres firent quelques mouvements sourds avant d’enfin lâcher un « bonjour » à peine perceptible.
Tu t’avachies sur le comptoir, tes ongles venant tapoter la surface boisée avec irritation. Ces derniers temps ont été étranges, tu t’es débattue vainement contre ton entourage, tu as quelque peu délaissé les affaires. C’est curieux venant de ta part, de préférer le silence, l’inaction, au brouhaha constant et sympathique des négociations. Tu t’es terrée, dans ce qui est ton antre, et sans compter les heures ni les minutes, tu t’appliques à des tâches rébarbatives. Le grand livre des comptes est ouvert devant toi, tu parcours les lignes tracées soigneusement, tu lis les chiffres sans grand enthousiasme. Tu calcules de tête, sagement, tu inscris les montants dans la colonne, faisant parfois des allers-retours entre ce livre et le carnet de commande.
La paperasse ça n’a jamais été un plaisir, mais lorsque tu t’y plonges, c’est souvent pour échapper au reste. On n’ose rarement déranger quelqu’un qui semble concentré sur des amas de chiffres. C’est la porte qui claqua dans un courant d’air qui te fit hausser un sourcil, sans prendre la peine de relever ton regard. Tu es désabusé, le ton de ta voix est sanglant. « Je suis fermée. » Mais c’est la présence de la silhouette fébrile qui te fit lever la tête lorsque celle-ci te salua. Tu es surprise, tu ne caches pas non sans pudeur, ta gêne. Tu t’en es prise au premier venu, injustement, d’autant plus que Noch est loin d’être un inconnu. Tu pinces tes lèvres, tout en refermant doucement l’épais livre. « Noch, bonjour. Désolé, je pensais que c’était un client. »
Tu te détends finalement, un sourire se dessine sur ton visage. Cet imprévu est au final, une bonne idée. Tu l’invites d’un geste à s’asseoir, pour prendre un peu de hauteur par rapport à ce comptoir qui le dépasse. Tu poses tes coudes sur le bois, tu entremêles tes doigts. Noch, quel drôle de personnage, penses-tu. Quelle présence disparate, presque fiévreuse. Et pourtant, quel discours semblait-il tenir. « Que me vaux ta venue aujourd’hui? Un artefact, une piste, quelque chose? » Tu aurais aimé ajouter, par pitié, sauve-moi de mon ennuie, change mes esprits.
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
