La jeune louve s’élance et se balance, de ses pas légers, elle avance, pour un pas de plus pour oublier, un pas de moins pour subsister. Le vent se calme et la bruine s’épaissit, petites gouttelettes sous le ciel qui s’éteint. Elle virevolte ses pupilles vers le haut, elle semble attendre sans vraiment voire réellement. De ces pas chancelants, elle s’arrache pour apercevoir et se mouvoir. Elle a quitté les bois sous cette loi pour se retrouver dans ce territoire et loin de sa mémoire. Elle a les os qui craquent et la fatigue qui reste opaque. Le ciel qui s’esquisse de ses étoiles et elle qui observe les passants dans cet étau géant, de ces âmes qui circulent et elle qui déambule. Peau d’albâtre au rythme endiablé comme si cela lui plaisait, elle qui finit par le fixer.
Elle l’avait reconnu, de ses gestes et de son visage, de son existence et elle de son errance. Elle s’approche encore et encore, d’un pas de plus et moins qu’un autre, pour être à la hauteur de son hôte. D’un geste gracile, la paume se soulève, rigidité des efforts précédents qui reviennent et galopent en elle. Le bourgeon d’un sourire se glisse pour ce visage croisé et si lisse.
« - Bonsoir, Ulrik. Je ne pensais pas te croiser à cette heure. Comment vas-tu ? »
Elle le sait et elle le voit, elle ne peut pas le lui faire oublier, ni à elle ni à cet éternel. Elle se balance de sa gêne légère, avant de redresser les épaules d’un air peu fier. Les billes d’olive cherchent et parcours les bâtisses, pour trouver un lieu complice. La gestuelle est légère et se fait sentir, elle bivouaque la tête en une demande sourde, d’aller au Trois Gorgone de leurs sentiments atones. Il semble la suivre et elle continue de ses pas moins dansés, vers ce lieu qui reste exulté. Elle tourne l’échine et croise les bras derrière son dos, reculant de quelques pas pour lui faire face.
« - Tu reviens des gradins n’est-ce pas ? Que penses-tu des combats ? »
Il n’y a que la candeur pure de mots prononcés dans un intérêt non feinté. Croyance ne comprend pas tout et faire croire beaucoup, mais elle se préoccupe beaucoup des autres, sa bienveillance qui est comme un apôtre. Elle ne connaît que peu les sentiments des uns, pour se positionner parmi les siens.
Rester assis plus longtemps entouré de deux femmes aux caractères poivrés aurait finit par achevé Ulrik. Les discussions oscillaient entre politesse amer et piques amusées, et Ulrik se concentrait pour peser ses mots avec finesse, craignant à chaque instant de blesser la fierté de l'une des deux cheffes. A la fin des combats, il s'était donc poliment et rapidement éclipsé pour rejoindre les duellistes de son clan. Vainqueur comme vaincu, il les enlaçait de félicitation et de bravos sincères, promettant une festivité à l'honneur de leur réussite. Il aurait aimé faire de même avec les autres combattants, mais préférait laisser pour l'instant l'exclusivité à leur chef respectif.
Ulrik était rassuré : tout c'était incroyablement bien passé, mais il ne s'agissait pour l'instant que des duels intra-clans... Il ne pouvait s'empêcher de redouter la suite. Il avançait rapidement sans que ses mouvements soient troublés de nervosité. Mains engouffrées dans son long manteau, il marchait tête haute, le regard jamais assombri par les pensées inquiètes qui tournoyaient pourtant dans sa tête. Trop occupé a pensé, il ne remarqua pas immédiatement la louve qui se faufilait près de lui.
« - Bonsoir, Ulrik. Je ne pensais pas te croiser à cette heure. Comment vas-tu ? »
Charmante et ravissante, elle lui fit signe et les cheveux de la louve illuminèrent le cœur d'Ulrik, dissipant ses doutes. Rencontre fortuite qui ne pouvait mieux tomber. Au sourire léger de la jeune femme Ulrik répondit de la même manière, enjoué, ses yeux brillaient doucement.
« Croyance, quelle joie de te croiser ! Je vais bien, merci. Ton duel a dû t'épuiser ma pauvre... »
Ils avancèrent et dans sa démarche, Ulrik croyait voir Croyance danser. Souple, légère, elle s'envolait presque avec tant de douceur. La route les mènera Aux Trois Gorgones comme Croyance le proposa et le chef n'y voyait pas d'inconvénient. La soirée risquait d'y être animée, emplie de musique qui ravira certainement les pas délicats de la louve. Elle se tourna vers lui, dévoilant dans ses manières une part presque ingénue qu'Ulrik n'imaginait pas.
« Je n'aime pas être simple spectateur, je t'avoue. Et je n'aimes pas assister à des combats qui n'ont pas de sens... » Répondit-il en essayant de ne pas paraitre trop sombre, souriant de bienveillance à l'égare de tous. « Mais chaque duel était impressionnant à sa manière, certains se sont même révélés amusant, cela m'a rassuré. »
Croyance avait participé, cela n'avait pas échappé à Ulrik qui l'avait naturellement soutenue contre Félice, il en avait même fait part à Septima. La louve avait le port et la force d'une gagnante. Même si elle n'avait finalement pas obtenu la victoire, Ulrik la considérait vainqueur.
« Ton combat contre Félice était les deux à la fois. Vous étiez toutes si proche de le gagner, j'avais le cœur serré et l'estomac noué en vous voyant ! » S'émerveilla-t-il avant de rire doucement. « J'étais de ton côté, si tu veux tout savoir. C'état un beau combat et ça n'a pas dû être facile de combattre une amie... Comment te sens-tu ? »
L’ombre du sourire qui se dessine et le regard qui s’anime, devant lui, devant autrui. Elle voit dans ses yeux les flammes vaciller comme elle a déjà vu dans des regards par milliers, de bienveillances dont Croyance aurait bien fait une révérence, pour lui si admiré, pour elle si estampillée. Elle a exhalé un léger soupir, à peine entendu parmi les rires, pour mieux se protéger et rester dans le secret. Mais la jeune louve possède une trop grande franchise, qui est nuisible et parfois risible, mais elle s’en accommode, l’a admise. Elle laisse l’exclamation de son compagnon se perdre dans cette pluie d’étoiles, son œil balafré lui offrant la réponse sous son voile, qu’elle détourne légèrement afin de rentrer dans ce lieu exulté. Elle penche la tête sur le côté aux paroles prononcées, ne voyant pas le sens mené.
« Tu trouves les duels sans fondement ? Ceux qui le prennent trop au sérieux sont coincés, ceux qui préfère trop s’en amuser sont désuets, mais le force, la malignité, l’ingéniosité et la témérité sont montrés. J’aime les duels pour cette raison, on voit davantage le tempérament des gens. Ceux qui sont là pour narguer ou les mauvais perdants, par exemple. »
Elle avait accompagné ses mots par un haussement d’épaule évasif, elle-même se positionnant dans ce capharnaüm abusif. Elle avait crû apercevoir un éclat sombre, bien vite remplacé et elle ne juge là-dessus. Elle se souvient alors du combat engagé contre Félice et un rire vient ce déployé, se rappelant la danse et ses attraits. Elle se cache presque timidement le visage, curieuse Croyance qui préfère tourner le regard vers le paysage. La chaleur et la gaieté sont d’actualité, surtout quand ils rentrent à l’abri de cette pluie étoilée.
« Cela me fait chaud au cœur de ton avis ! Je me désole de savoir que je ne l’ai pas remportée, mais Félice s’est très bien démenée. Je crois que je suis mieux avec mon épée qu’avec une baguette et sa magie. »
Elle penche doucement la tête, lorsqu’elle invite Ulrik à s’asseoir dans un coin tranquille et prête. Assise de manière féline, elle s’étire doucement en pensant, à ce combat et son ami, à tout ce qu’il s’est passé ici.
« Hum. Fatiguée ? Je suppose. Je suis aussitôt partie à mes recherches en réalité donc je ne me suis pas reposée, trop exalté. Et toi, que faisais-tu ici ? Tu n’étais dans les gradins avec les dames ? »
Autant vouée-t-elle une fidélité non feinte et montrée envers Septima, autant la jeune femme ne cultivait pas les mêmes passions pour Isadora. Seulement voilà, elle a nuancée ses propos, loin des doutes et autres propos. Le bourgeon d’un sourire fleurit sur ses lippes, voulant oser quelques paroles anodines.
« Peut-être trop… Exalté dans leurs commentaires, je suppose ? Elles ont toujours été très… Animées si je puis dire. J’admire ton courage et ta bienveillance, Ulrik. »
Croyance ne ment jamais, car elle préfère faire croire en un tas de réalité, pour mieux mentir avec agilité. Mais elle reste inlassablement franche, de son œil balafré qui scrute sans se relâcher.
« Oui. Tu as tout à fait raison, je me suis mal exprimé pardon... Le tournois est une tradition et se révèle important pour de nombreuses raisons. L'animosité que se vouent les clans se règle dans l'enceinte de l'arène, ce qui apaise les cœurs les plus enflammé... Il ne s'agit plus tout à fait de prouver la valeur des sorciers, mais de délivrer un sentiment de violence assouvie, de catharsis. Cela m'attriste. Mais j'étais heureux et rassuré de voir la bonne humeur de ce premier jour. »
Ils entrèrent dans la chaleur des Trois Gorgonnes où la musique résonnaient fort et se mélangeaient aux innombrables voix. Le reste d'air frai qui collait aux joues d'Ulrik le fit légèrement frissonner. Ils s'installèrent loin de l'agitation pour discuter sans avoir à lever la voix. Ulrik s'installa, écoutant avec attention Croyance.
« Félice mérite sa victoire, après tout, tu es une formidable adversaire ! »
La volonté de Croyance impressionnait Ulrik. A peine un combat terminé, que la Louve reprenait ses affaires, incapable de perdre le nord, jamais distraite bien longtemps. Le vent la portait vers son but, le regard brillant.
« Tu n’étais dans les gradins avec les dames ? » Peut-être trop… Exalté dans leurs commentaires, je suppose ? Elles ont toujours été très… Animées si je puis dire. J’admire ton courage et ta bienveillance, Ulrik. »
Surpris par le compliment aussi soudain qu'agréable, Ulrik flancha un moment, gêné et ravi. Il sourit. Il savait la fidélité que Croyance offrait à son clan, mais il savait aussi qu'à ses côtés, il n'avait pas besoin d'être méfiant. Si un autre Liontari lui avait posé la question, le chef d'Asvos aurait sourit pareillement, sans en dire davantage. Mais la Louve, d'après Ulrik, possédait simplement une curiosité pure et incontrôlable.
« À leur côté, c'est vrai qu'il en faut ! » Plaisanta-t-il gentiment. « Nous sommes tout trois très différents. Le charme des deux Dames est inestimable malgré tout. » Rit-il doucement, incapable de lâcher un seul reproche par soucis diplomatique et simplement par respect. Il marqua une légère pause, s'offrant auprès de la louve un brin de franchise, elle lui inspirait confiance depuis toujours. « Je ne suis toujours pas habitué à l'absence de Lucius, chaque rencontre avec les autres dirigeants me met mal à l'aise. Je voulais rejoindre au plus les duellistes de mon clan pour les féliciter. »
Il ne pouvait empêcher ses yeux de s'assombrir en pensant au vide que laissait Lucius et à toute la peur qu'inspirait sa disparition... Mais Ulrik se reprit vite en offrant un sourire lumineux et un regard attendri à Croyance.
« Je suis heureux de te croiser, pour te féliciter de vive voix. »
La jeune louve se sent traversée par ses paroles énoncées, changeant sa perception des tournois engagés. Elle ne conçoit sans doute pas de la même manière, mais elle reste fière, de ses propos et de ceux de son compagnon. Ses pupilles d’olives s’illuminent d’un ton émerveillé, de ses convictions les plus profondes et de cette bienveillance que rien ne sonde. Détendre ses jambes laissa une exclamation timide et lointaine, pourtant présente et certaine. Le duel l’avait épuisé, autant que ses recherches et son avancée. Elle oblique quelques secondes autre part, cachant presque pudiquement le compliment de cet art et finit par le revoir et lui sourire comme dans un monde à part.
« Merci beaucoup. Félice se débrouille très bien, j’ai été très heureuse de combattre contre elle. Mais j’ai su que d’autres, c’était extrêmement bien démené également, comme Ange et Atticus par exemple. »
Elle écouta les mots murmurés sur ses lippes masculines, consciente des avis et des sentiments presque unanimes, mais Croyance adore bavarder avec Ulrik, dont le respect et la véhémence inonde le cœur de la belle aux cheveux cendrés, acclamant sa joie et son esprit qui fait des détours. Le ton taquin s’échappe et laisse le tintement d’un sourire qui laisse un tracé, pour écorché et laisser le reste s’effacer, ce rayé (Croyance le savait et aimait). Elle avait hoché de la tête, belle louve aux reflets d’une bête. Elle comprenait les sentiments et les divagations qui pourront acheminer, alors les mots restent légers.
« Je peux le comprendre. L’absence plonge dans un vide inconfort. »
Elle avait laissé les lèvres l’énoncé, car elle partageait ce qu’il ressentait. Pas pour la même personne, mais elle avait ce sentiment aussi morne. Il était bien présent, mais caché dans son cœur aimant. Alors elle adresse un sourire chaleureux à son interlocuteur, aussi brillant pour rester en apesanteur.
« Mais tu n’as pas à sentir ainsi, même convictions ou non, nous partageons des avis communs. Tu n’es pas mis en déroute et tu rempli ton rôle à merveille. N’en rougis pas, dans ma situation ou non, j’éprouve le même respect et enthousiasme que tes duellistes. »
Les yeux papillonnent quelque temps et réfléchi quelque temps, car le moment était sans doute venu de diverger pour mieux rassasier. S’éloigner pour rester en sécurité, car après tout, ils étaient en libertés. Alors elle secoue doucement la tête et déplie doucement ses jambes, les bataillons émeraude s’élevant quelques instants.
« Je n’ai jamais été très à l’aise avec les baguettes. C’est stupéfiant, mais peut être trop à mon goût. L’épée me paraît plus naturelle, sans que je sache réellement pourquoi. Ne te poses-tu pas parfois des questions sur ce que tu as oublié ? »
« Merci beaucoup. Félice se débrouille très bien, j’ai été très heureuse de combattre contre elle. Mais j’ai su que d’autres, c’était extrêmement bien démené également, comme Ange et Atticus par exemple. »
Entendre le nom d'Atticus fit vibrer avec nervosité la paupière d'Ulrik, ce qu'il cacha en battant des cils tout à coup.
« Oui. Ils se sont très bien débrouillés. Ange, en particulier, s'est dépassée. » Sourit-il, un éclat de fierté dans le regard, décuplé pour dissimuler un trouble lointain, qui n'avait pas a entraver la belle soirée qui se déroulait jusqu'à présent.
«Tu n’es pas mis en déroute et tu rempli ton rôle à merveille. » Dit-elle avec une ferveur chaleureuse et calme dans le regard et la voix.
Croyance ne devinait sûrement pas à quel point ses paroles se transformaient en caresses, apaisant la douleur d'Ulrik, pansant certaines plaies empoisonnées par l'incertitude et le doute. Elle lui offrait un second souffle, un merveilleux cadeau : on croyait en lui. Comme ce nom lui convenait...
« Je n’ai jamais été très à l’aise avec les baguettes. C’est stupéfiant, mais peut être trop à mon goût. » Cela surpris Ulrik, qui voyait Croyance comme une excellente sorcière. Précise, à la posture droite idéale. Il écarquilla légèrement les sourcils, dévoilant sa surprise sans dire un moment. « L’épée me paraît plus naturelle, sans que je sache réellement pourquoi. »
Il sourit. Il était vrai que Croyance avait tout la première fois attiré le regard d'Ulrik a cause son épée, qu'elle semblait porter et utiliser plus aisément encore qu'une fine baguette de bois. Il comprenait, en un sens, puisque lui non plus n'étais pas à l'aise avec une part de ce que la magie impliquait.
« Ne te poses-tu pas parfois des questions sur ce que tu as oublié ? » Demanda-t-elle, prenant le chef d'Asvos de court, bien qu'il pouvait s'agir d'une suite logique dans son discours.
Il n'avait pensé que très rare à l'avant, à l'extérieur de l'Enclave. A toutes ses années qui n'existaient plus, perdue dans un recoin de son cerveau où se cachaient des souvenirs inaccessibles.
« Je ne sais pas. » Répondit-il simplement, sans penser continuer. Imaginant qu'il n'avait rien à dire. Il continua malgré tout, en plissant les yeux dans un sourire généreux. « J'aime me rassurer en pensant qu'il y a une raison à l'oubli. Je ne suis pas davantage curieux, quelque chose que tout se briserait si je savais. »
Il existait bien une personne, qui semblait liée à ce passé oublié. Incapable de dire qui elle était autrefois, Ulrik était heureux de la compter dans ses rangs, la savoir à ses côtés pour le soutenir dans l'Enclave, l'aider et l'aimer toujours malgré le temps qui s'écoulait.
« Ton épée et toi deviez déjà être très liées autrefois, n'est-ce pas ? Tu gardes un souvenir du passé, c'est une chance. En voyant comment tu combats à la baguette, je suis curieux de voir ton talent à l'épée ! »
Avoir cette impression d’un manque qui s’impose et de ces actions qu’elle n’ose. L’envie de voir à travers ses yeux, mais la peur d’apercevoir le plus affreux, et de ne plus être un humain aussi affectueux. Alors elle regarde ce visage vertueux, sans savoir ce qu’il y a sous cet aspect vertigineux. Elle y voit simplement cet éclat de fierté, qu’elle aime voir aussi partagé et les lippes laissent un sourire nourrit ses pensées. Car les mots prononcés étaient énonciateurs de sa peur, mais sa curiosité voulait bafouer cette torpeur. Les yeux obliquent vers secondes, papillonnent sur les choix de ce monde.
« Tu as sans doute raison. Mais ma curiosité empiète sur le reste, peut-être à mal, qu’en sais-je ? Je partage ton sentiment, mais peut-être en ai-je envie malgré tout. Je ne sais pas comment tu fais pour calmer cette curiosité. »
Car oui, elle est enfouie, chez chacun et Croyance ne sait pas si Ulrik est bien sûr de lui. Si tel est le cas, force d’admettre son courage décuplé au siens, fiévreuse et peu courageuse, qui se laisserait tentée pour découvrir la vérité. Elle semble entendre sans jamais voire vraiment, trop occupée sur ses gestes et son esprit élancé, sur la violence et les transes. Elle coule un regard vers son compagnon de beuverie, les yeux pétillants d’un éclat ravi.
« Sûrement, encore un mystère qui restera peut-être irrésolu. Je ne me souviens pas, mais je savais déjà comment m’en servir. Juste, étrange comme sentiment. Tu n’as jamais cette sensation ? Savoir alors que tu le vois pour la première fois ? Se dire de simplement s’habituer et non d’apprendre ? »
Croyance qui s’exulte comme une enfant, pour parler et divaguer, pour apprendre et comprendre. S’insurger d’une vie qui prolifère, s’évertuant et s’acharnant sur ces terres, pour un jour effacer cette nature qui la domine, poser le pied sur un champ de mines. Mais elle continue tout de même, redoutant les réponses d’Ulrik (jamais ne se défais, jamais crier qu’elle va gagner) et pourtant Croyance voudrait mieux le comprendre, voir ses tâches noires disparaître pour mieux renaître. Elle est de ceux qui pense ce monde pourri dont elle fait partie. Mais devant ses yeux si généreux, elle ne sait plus quoi penser d’aussi vaporeux. Mais elle finit par lever la paume d’un geste doucereux.
« Assez de sérieux ou de philosophie pour ce soir, ce n’est plus le moment. Ulrik. »
Le ton devenait tout de même sérieux, même si le vœu était moins fiévreux. Elle posa le coude sur la table, la tête sur la paume, le regard affable et les mots qui embaument.
« Puisque nous sommes tous les deux, autant boire quelque chose : de la bière au beurre ? »
Elle voulait sans doute dire autre chose, mais la plaisanterie n’était pas son fort, ni lire les émotions qui en sort, alors, elle préfère détourner doucement, de son habituel ton commandant, faute de faire autrement.
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