Il faisait beau et certainement trop chaud ce jour-là.
L’incandescente lumière d’un soleil à son zénith, tombait sur la cour intérieure du château comme un voile brûlant. De chaudes vapeurs émanaient des pierres blanches et devenaient dans l’haleine du vent un souffle brûlant.
Jack y marchait avec la direction vigoureuse des hommes obligés ; Dans quelques heures il faudrait traiter d’affaires militaires. Homme d’aigue ponctualité qui rayait avec raideur tout éventuel souci d’imprévus en arrivant toujours bien à l’avance, Jack néanmoins se devait de composer à présent, avec l’ennui qu’imposait son manque de sociabilité.
Il se fendit de brèves salutations en croisant toutes sortes de gens - Parfois il inclinait un peu la nuque, parfois il déclinait un ou deux mots et d’autres il tendait une main rigide à la poigne métallique. Jamais il ne souriait ; Jack n’était pas avenant. Jack était un homme de fer, inflexible aux plaisanteries, coquetteries, mignonneries et autre préciosités égayées qui se mourraient sur le rasoir tranchant de son silence. Les gens de Windamere le savaient bien : Le chef de la division II était poli mais aussi aride qu’un désert.
Quelqu’un se détacha de l’impersonnelle foule comme une tâche de couleur criarde sur une toile de noir et de blanc.
Il connaissait pourtant bien cette scène parce qu’elle trouvait son écho dans l’infini, avec la même sureté que le jour succédait toujours à la nuit. C’était toujours ici, toujours cet endroit précis, toujours cette même compagnie.
Après quelques vigoureuses enjambées il fut devant Circé dont le duo de syllabe est encore étranger à son palais. Jack n’est guère habitué à des noms qui ne sont pas ceux de ses soldats ou de ses supérieurs.
Alors il la salua de la seule manière qui ne lui était pas étrangère, la gratifiant d’une raideur parfaitement militaire.
« Circé. »
Puis adoucit par la sympathie qu’elle lui évoquait Jack décida de se reprendre. Une gorge déglutie plus tard il ajouta un mot qu’il voulut courtois.
« Bonjour. »
Il resta droit, parfaitement immobile comme un soldat au garde-à-vous. On avait du mal à croire qu’il n’effectuait pas un rapport de guerre ; Ce qui n’était pas tout à fait faux car un unique fait loin d’être étranger à son métier les liait - Lucius.
Grave et solennel, Jack chercha tout ce qu’il avait de plus doux en lui pour lui annoncer. Il brûlait d’un jour revenir avec la satisfaction d’avoir accompli son devoir mais plus le temps passait et plus il avait l’impression qu’on essayait de saisir du vent. Il n’avait rien de nouveau, rien, pas même une minuscule once d’espoir. Et peut-être était-ce mieux ainsi car elle ne connaîtrait pas les vertigineux chagrins que connaissent les âmes ivres d’optimisme.
nous sommes accablés d'un manteau d'ignorance et d'étroites chimères
dans l'alanguissement fiévreux elle était froideur glaciale le regard égaré en écho à sa grâce virginale dans une froissement de tissu elle s'évapore d'une chambre à une autre (rêverie éthérée) dans la tiédeur étouffante de l'été vaquant à son devoir sans flancher un instant fille d'albâtre imperturbable frôlant la vie de ses mains assombries (par l'absence de magie) de ses yeux limpides parfois elle explore la foule perdue dans les habitudes d'un quotidien sans fantaisie n'attendant que son regard droit et fier comme un écho à ses prunelles claires
dans la foule troublée il n'était qu'un visage familier celui de jack (aux yeux sévères) ce nom qu'elle ne saurait prononcer sans un frisson de respect homme droit à la rigueur jumelle à la sienne par ses actes et ses mots criant les couleurs de ce clan qui est le leur et alors que les autres astres l'esquivent sans la voir elle l'ombre des plus grands aux petites mains travailleuses il lui fait face dans sa puissance tel le soleil face à mercure (pour lui elle avait cette si grande admiration) rayonnant de courage et de tant de loyauté dans la sécheresse de ses paroles elle n'entend que les mots d'un homme dévoué (il n'y avait rien de plus important que la politesse pour la délicate circé)
bonjour, jack. cette familiarité sonne étrangère sur sa langue son ton pourtant est d'une douceur sans égale signe du lent apprivoisement entre deux créatures d'honneur et de devoir je vois. elle accepte ses mots sans un émoi ses yeux flanchant un instant seulement (le temps d'un battement de cil) circé n'était point de ceux à l'espoir immuable elle n'était que chose docile attendant le retour de son maître bien-aimé ne cessant de croire en lui sans pourtant s'enivrer des relents de l'optimisme (sans non plus se laisser aller à la tristesse elle n'était que roc inaltérable dans la tempête de sa disparition)
je suis certaine que vous finirez par trouver quelque chose. son sourire aussi a quelque chose de glacial les mondanités coulent encore difficilement de sa bouche mais les mots ne trébuchent pas sur ses lèvres elle sentait ses espérances comme un reflet des siennes n'attendant que le jour où il reviendrait triomphant
Jack n’était jamais moins soldat qu’en ces instants-là. Circé si droite, si dévouée, remuait en lui les cris étouffés d’un homme ébranlé. L’amertume qui était à son cœur, d’une éprouvante fidélité, se rappela durement à lui quand elle répondit sans l’ombre d’une désillusion.
Et pourtant, Jack n’était jamais autant soldat qu’en ces instants-là. Circé si droite, si dévouée, invoquait toujours à lui, le serment qu’il avait prêté en devenant un homme d’armée. Elle était toutes les valeurs qu’il avait juré de protéger et de servir. Elle était un écho rassurant à toutes ses convictions.
« Oui, nous trouverons. »
Il liait ses espérances aux siennes, dans des mots solennels qu’il prononçait autant pour elle que pour lui. Il ne voulait qu’aucune hésitation n’érafle cette affirmation, comme si en l’ancrant solidement dans le domaine des certitudes, le futur se plierait devant son inoxydable volonté.
C’était toutes ces émotions-là, que Jack essayait de transmettre à Circé bien qu’il ne s’en rende pas compte. C’était tout ça qu’il résumait en de mots prosaïques et une moue affaissée dans laquelle il n’y avait pas de place pour les hédonismes indifférents de circonstances ; Jack n’avait jamais les paroles vides et les promesses creuses. Il était le silence, la négation sèche ou l’affirmation franche : Il avait trois mots et guère d’avantage car c’était tout ce dont il était capable.
Et puis il ne s’attarda plus sur ce sujet car il lui sembla que tout avait été dit. Dans la cour bourdonnante, Jack eut alors l’impression qu’ils n’étaient tout deux qu’une froide quiétude. Il voulut défaire les nœuds du silence.
« Comment allez-v- »
Sa voix s’étouffa dans la brusquerie qu’ont les gens qui pensent en parlant. Elle ne lui était plus étrangère mais il avait toujours le réflexe de creuser par la distance de ses mots, d’infranchissable fossé entre lui et les autres.
Mais Jack dans son respect et dans ses égards qu’il avait pour Circé, n’en voulait pas entre lui et elle alors, il reformula promptement sa phrase.
« Comment vont les choses ? »
Ses lèvres refusaient toujours le rapprochement dénominatif et il se contenta d’une fumisterie, la première qu’il trouva.
Quand il la regarda, il eut l’impression de fixer un immense glacier dont les mystères silencieux l’avaient intrigué. Il aurait voulu gravir les pentes mais Jack n’avait jamais su comment il fallait faire, pour se rapprocher des gens.
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dans son dévouement elle se laissait emporter comme dans un océan le dos droit le regard fier pour lui faire face sans flancher pour être phare dans la tempête de leurs incertitudes (muettes) si le silence était précieux il ne l'était jamais autant qu'entre eux emmurés dans ce mutisme soi-disant d'or gavés de ces hésitations que jamais ils ne pourraient formuler (le silence était lourd mais les liait pourtant ; par leur loyauté aveugle et leur courage inébranlable) en vérité il y avait toujours sur le bout de sa langue cet arrière goût d'amertume (d'échec peut-être) comme l'écume morte de ses espoirs inavoués par ces non-dits elle se liait à lui jack dans cette bataille contre la mélancolie
par égard pour lui qui lui était si semblable elle ferait abstraction de la douce familiarité qu'il lui offrit pour la première fois avant de ravaler ses mots dans cette crainte propre à ceux comme eux donc le protocole régit les gestes comme les paroles oh, vous savez, il y a beaucoup à faire en ce moment avec le tournois. cela n'avait rien d'une complainte les lamentations ne trouvaient jamais le chemin de ses lèvres trop heureuse de pouvoir faire briller leur étendard par la force de sa dévotion (de son abnégation) elle donnerait son corps comme son âme à la gloire de son clan sans même que l'ordre ne lui soit donné je suis contente de voir qu'aquila ne se laisse point aller au pessimisme en ces temps difficiles. et la fierté envers ses pairs n'avait cesse d'enflammer son coeur en brasier discret sous ses airs indolents
j'imagine que vous êtes très occupé vous aussi. elle ne sait comment par les mots elle peut combler cette distance entre eux cet océan nourri de politesse et de hiérarchie de manières courtoises et de mots protocolaires (comment comprendre dans des mots si froids une délicate attention) il est tant de choses que l'on ne peut pas dire par des regards distingués et des mots mesurés
Jack recula d’une moitié de pas et fixa Circé avec un air assombri. Il songea, contrit, qu’il l’a retenait peut-être, se demanda un instant si par cette gentille politesse elle ne souhaitait pas s’excuser à sa présence. Lui-même ne s’autorisant jamais à se disperser en d’inoffensives conversations lorsque le devoir se faisait pressant, imagina qu’il en était de même pour elle. Il aurait été penaud d’ainsi s’imposer à Circé sachant qu’elle avait mieux à faire et il pensa qu’elle s’apprêtait à lui donner congé. Il espéra seulement qu’elle ne lui tienne pas rigueur de cinq minutes rendues prisonnières. Mais ce ne fut pas le cas : Il n’y aurait rien de tout ça car il s’était trompé. Elle parla plutôt de sa joie.
Circé était contente. Jack engrava ce début de phrase dans son esprit et sut à présent qu’il y penserait à chaque fleur qu’il lui enverrait et à chaque paysage qu’il lui conterait. Jack sentit derrière la peau tendue de sa mâchoire, l’ossature d’un sourire discret. Il lui sembla, ne l’avoir connu que dans son devoir et dans ses espoirs ; Il n’avait jamais eu à l’esprit d’envisager ses rires et ses bonheurs, parce qu’ils étaient tous deux plein des retenues qu’érigent les étrangers entre eux. Il y avait ce respect partagé, enraciné si profondément qu’il existait comme une insondable voilure les séparant. Et chaque courtoisie, chaque révérence, chaque bienséance ne faisait qu’en épaissir la pâteuse substance dans laquelle il s’embourbait. Parfois, il s’en agaçait, d’autres, il s’en ravissait.
Cette fois ci, pendant une fraction de seconde, elle n’exista pas ; Happée par ces pensées vagabondes. Il oublia l’armure, le bouclier, le dictat des apparats. En cet instant, ils ne furent que des Hommes partageant la même joie qu’apportait une patriotique fierté.
« Oui, c’est une bonne chose. » Jack avança d’une moitié de pas puis ses sourcils se froncèrent ostensiblement et ses yeux se rembrunirent. « Pas vraiment… Nous préparons les hommes pour le tournoi. » Ses lèvres se plissèrent en un seul trait. « Et les femmes. »
Alors qu’au dehors, quelque part dans l’enclave se trouvait Lucius. Peut-être était-il en danger, peut-être avait-il besoin d’Aquila et toutes ses légions. Mais même roi de son clan, il restait un homme parmi les hommes ; Sa disparition l’avait déraciné de son piédestal pour rappeler à tous sa mortalité.
Jack comprenait qu’on ne lance pas toutes les troupes à la poursuite d’une ombre famélique. Tous devait l’emporter sur un ; C’est envers le clan entier qu’on prêtait serment. Alors Jack faisait avec ces temps de paix, où le cœur léger on ne songeait plus qu’à festoyer de joutes et de banquets. Il désapprouvait mais ce n’était à lui d’émettre un avis et il se gardait bien de le partager. Même à Circé ! Car c’était aussi un devoir de taire et gommer toute once de dissensions.
Il y avait les ordres et il ferait les ordres. Jack préféra ne pas traîner d’avantage sur le sujet.
« J’espère, d’ailleurs, ne pas déranger… » Sa voix, sous l’effet de l’égard particulier qu’il lui accordait, avait pris le ton rauque d’une tendresse maladroite. « Je ne veux pas empêcher s’il y a beaucoup à faire. »
Jack pensa qu’il n’aimerait pas non plus la voir partir si vite. Avec le temps était venu les habitudes ; Ces entrevues soutiraient à son habituel morosité, un peu de froideur pour des fibres de chaleur.
Pour cela elle n’avait pas forcément à lui parler. Il lui suffisait d’être. Dans le silence du devoir, dans la promesse de l’espoir, dans cette infinité de valeurs dans laquelle il se reconnaissait.
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pour une seconde éthérée elle s'abreuve de son sourire (irréel et si vertueux aussi) juste un sourire pour briser les carcans lentement du protocole qui les enserre comme tant de chaines dont ils se délectent aussi (ils ne sont qu'outils de l'autorité marionnette bien pensées dansant entre les doigts des plus grands) et par ce sourire et par ces mots (je suis contente) ils déconstruisent ce mur élevé entre eux (ils s'approchent s'éloignent à chaque mot à chaque pas ; comme une danse enivrante dont ils ne sauraient se tirer comme les vagues roulant sur le sable) si loin et si proches à la fois
je ne doute point que vous ferez la fierté de notre faction. cette faction ce clan leur seul grand amour en vérité à l'équilibre fragile mis à mal par la disparition de lucius (flamme vacillante dans une nuit sans fin) et dans ces ténèbres ils se dressaient jack et circé s'interdisant de flancher comme s'ils étaient les derniers remparts (avant un effondrement certain)
à sa tendresse maladroite elle répond par un sourire tendre maladroit aussi (taillé dans le marbre de son visage albâtre figée habituellement dans cette expression de détermination paisible) vous ne me dérangez jamais, jack. par ses mots délicatement irrévérencieux par l'inélégance de ses paroles elle souffle à sa manière qu'elle se délecte de ces entrevues entre âmes semblables animées du même sens du devoir inaltérable
c'est vrai. le château sera bien plus agréable à l'automne. d'un de ses doigts gantés de satin elle écarte les dentelles de son col emprisonnée à chaque saison dans son uniforme comme dans une armure (sa fierté au fond ; elle ne tire sa gloire que dans l'accomplissement de son travail) et si les minutes coulent entre ses doigts elle ne songe pas pour autant à s'esquiver s'enivrant de cette présence de ces mots échangés de ce silence aussi (de ces moments qui n'appartenaient qu'à eux)
En cet instant, il aurait aimé être conversationniste et songea à Lucius qui avait toujours eu l’art naturel de tisser par ses mots, des fils rouges entre lui et le monde. Il songea à la richesse de ses plaisanteries, ses calembours, ses tirades enflammées et exhortations emphatiques que son esprit cultivait en abondance ; autant de secrets étrangers à Jack, qui ne trouvait dans sa gorge à lui, qu’une sècheresse aride pour une maigre récolte de mots secs et bourrus. Et en bon homme de strict nécessaire il ne semait pas en largesse mais en avarice.
Alors, content de ne pas l’importuner, Jack hocha simplement la tête par deux fois en fixant ses beaux yeux clairs. Il pensa à un ciel, fragile d’une chaste pâleur, et aux rêves qui en parcouraient les horizons immobiles. Une déclaration basse lui échappa.
« Il n’y a pas beaucoup de fleurs en Automne. »
Jack continua de l’observer, troublé comme toujours, par l’étrange familiarité qu’elle lui faisait éprouver. C’était une sensation bizarre que d’avoir l’impression de la savoir sans pourtant la connaître comme s’ils avaient été pétris dans la même glaise ou forgés à partir du même métal. Alors trop inquisiteur, il ne pouvait-être avec Circé, comme il était d’ordinaire. Il ne se repliait pas profondément en lui-même et déployait plutôt ses mots, ses phrases, comme un aigle ses ailes. Seulement n’était-il pas habitué à ce ciel, lui dont les pieds ne quittaient presque jamais le solide plancher. Alors il s’ébrouait dans l’azur trop brillant, cet océan de malaise, avec une maladresse qui lui paraissait infini pour communiquer des rachitiques tendresses et affections. Il n’était pas habitué à être d’avantage qu’un militaire abrupt.
« Le personnel du château assistera-t-il au tournoi ? » Il continua de la regarder droit dans les yeux. « Peut-être pouvons-nous y assister ensemble. »
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il y avait une chose qu'elle aimait tant chez jack c'était ce regard droit et fier qui ne vacillait jamais et il se perdait dans ses prunelles de ciel comme elle s'enivrait de ses yeux bleus comme pour mêler l'azur de leurs iris (c'était froid et poétique aussi comme un dialogue sans paroles) comme pour dire en cet instant je ne vois que toi il n'y a que toi qui compte mais nous pourrons toujours échanger des lettres. même sans fleurs. car par ses correspondances elle voyait un peu ce monde si vaste et si étriqué pourtant qui était le leur comme un fragment d'aventure dans chaque mot soigneusement tracé à l'encre bleue (un morceau de ciel dans son existence monochrome)
elle souriait encore avec douceur et ses lèvres se teintaient de cette sincérité nouvelle car circé offrait beaucoup de faux sourires pour ponctuer la politesse exacerbée de ses compliments à l'hypocrisie mesurée auprès de jack elle découvrait cette affection nouvelle pour lui qui lui était si semblable il lui semblait si proche parfois comme en résonance avec son propre être comme s'ils étaient faits du même bois nous aurons certainement des congés, c'est un jour spécial après tout. et elle souriait encore face à l'audace de sa demande je serais ravie de vous accompagner. elle s'exaltait tant à cette idée toujours droite pourtant dans cette stature froide de déesse grecque de statue de marbre il n'y avait que ses yeux qui riaient un peu avec la douceur de deux pétales de bleuet
ne participerez-vous pas au tournoi ? vous devez être un excellent duelliste. ce n'était point une de ces flatteries futiles qui roulaient sur sa langue chaque jour car elle avait pour jack cette admiration sans bornes et un respect plus grand encore ses doigts noirs se nouaient et se dénouaient habillés de dentelles dans une valse de ses mains à la magie absente (oh qu'elle aurait aimé faire la gloire de sa faction circé si les sortilèges voulaient bien se faire plus dociles) mais elle se faisait mauvaise sorcière par la gangrène dans son sang et ses douces mains teintées d'encre
sorry un peu du retard, ce fut la HESS avec la rentrée et une surcharge inattendue de devoirs
Le malaise ne partait jamais vraiment. Il rapetissait, s’amenuisait et s’écrasait avant de soudainement gonfler à un rythme erratique comme des bronches asthmatiques, désespérées d’avoir un peu d’air. Il se fit majuscule après que la question eut jailli de ses lèvres sans qu’il ne puisse la rattraper et sembla alors accabler l’air d’une énorme masse palpable. C’était bien pour cette raison que Jack n’avait jamais vraiment aimé discuter. Il passait son temps à s’inquiéter de ses spontanéités puis se châtiait de son manque de rigueur. Bien souvent il traitait une conversation avec le même égard qu’un exercice militaire où une routine parfaite était à suivre. Alors parfois lorsqu’il parlait et que certains élans surgissaient il s’assombrissait en songeant à ce qu’il avait pu involontairement sous-entendre.
Il ne voulut pas être présomptueux ni arrogant et se fit soucieux un instant, juste avant que Circé ne le rassure et adoucisse la pente abrupte de ses sourcils.
« C’est entendu alors. »
En un instant fragile, dans les yeux doux et pâles de Circé, un papillon battit des ailes ; Jack pensa que ce devait-être le même qui s’éveillait devant l’encre de ses lettres et sa douceur tout en humilité le toucha. Une partie inconsciente et infime de lui savait qu’il s’évanouirait le moment d’après. La bête était trop éphémère pour des gens comme eux dont la vraie maîtresse s’appelait dévotion.
Une courte seconde Jack se laissa tiédir et fit s’élargir ses lèvres mais son regard demeura d’un brun éteint et austère. Ses paupières frémirent comme pour le faire rougir et en réchauffer la matière endormie. Rien ne crépita puis tout d’un coup, il s’endurcit.
Jack prit soudainement conscience de sa baguette. Elle était suspendue à sa ceinture, vers sa hanche gauche. Il ne s’en servirait pas pour le tournoi.
« Non. » répondit-il simplement, sans élaborer et il songea alors à Hypéria si friande de cette coutume de l’enclave, avec laquelle il avait déjà débattu à de longues reprises sur le sujet sans jamais concéder un centimètre de terrain. « J’aurais l’impression de m’exhiber, je n’y vois pas de but à part la gloire » avoua-t-il finalement. Jack ne combattait que par nécessité et n’y avait jamais pris aucun plaisir. Ou peut-être ne s’était-il jamais autorisé à le faire - Il ne savait pas. « Il faut bien. »
C’était une honnêteté brute qu’il souhaitait sans arrogance. Jack ne s’était jamais interrogé sur ses mérites de duelliste mais avait toujours fait un devoir d’être le plus compétent possible en s’entraînant aussi souvent qu’il le pouvait. C’aurait été dénigrer des centaines d’heures d’exercices que d’énoncer le contraire et pour Jack qui avait une certitude absolue en ses capacités, il ne s’agissait pas là d’une vantardise.
Il fit un pas en arrière et jeta un regard aux alentours. Ses jambes étaient engourdies comme s’il était resté planté là depuis des heures. Pourtant ça ne faisait que quelques secondes. Il fit un pas légèrement sur le côté, l’air soucieux.
« Pouvons-nous marcher un peu ? » Il lui pointa ses genoux du regard et s’expliqua. « J’ai l’impression d’avoir les jambes ankylosées. »
Une vieille habitude que le sens des apparats d’Hypéria lui avait fait prendre décida de surgir à ce moment précis et par automatisme Jack offrit son bras gauche à Circé pour cette promenade improvisée.
Il épousseta sa cape des quelques grains que le vent avaient déposées et il sentit quelque chose se nouer dans l’invisible tandis que le malaise revenait. Il s’agissait à nouveau d’en défaire l’emprise et il attrapa la première pensée qui le traversa. « Et vous ? Avez-vous déjà livré un duel ? »
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avec jack c'était étrange et doux aussi comme ils avaient cette manière à eux de se parler comme s'ils piétinaient le protocole pour mieux le rétablir après (combler la distance puis la creuser à nouveau) comme si les ardeurs polies de leurs lettres n'avaient pas leur place face à face comme si le temps était suspendu comme si l'univers était le leur et que brusquement le monde se rappelait à eux (lui offrir des fleurs les piétiner s'excuser recommencer) et une ombre sur ses lèvres un tressaillement de ses pommettes la touchaient toujours bien plus que mille sourires un peu faux car comme ses lippes celles de jack avaient cette rigor mortis de celles à la joie morte à l'allégresse morne (à l'espoir éteint par la mort d'un roi aimé) je comprends, et cela vous fait honneur. l'humilité est une grande qualité.
elle était habituée à se tenir droite et immobile comme une statue de marbre en belle circé ornementale (une pivoine dans un vase dont on se gorge de la blancheur) bien sûr. marchons. hésitant un instant devant le bras tendu elle se saisit pourtant osant l'effleurer seulement de son gant blanc (et le protocole était jeté à terre et elle n'oserait être vue au bras d'un supérieur) crispée d'abord après chaque pas elle se détend gênée sans l'être dans sa rigueur froide
oh, non. vivement elle dénude ses doigts en faisant couler la dentelle de ses gants il était rare que circé ose effeuiller ses mains ainsi à la lueur du jour car il n'était qu'à la faveur de la nuit qu'elle dévoilait sa honte salie par l'hérédité sans doute sa peau même était souillée et la magie morte au bout de sa baguette je suis incapable de magie. vers lui elle lève son visage paisible et elle ne voudrait recevoir sa pitié (car voilà bien des années qu'elle ne s'apitoyait plus sur son sort) elle remettait ses gants comme un voile de pureté comme pour parfaire le tableau de sa pâleur hivernale blafarde élegie sans une ombre au tableau
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