Chez toi, petit endroit supposé être accueillant. Mais y a personne, t’es seule et tu penses à ta journée pourrie. T’as perdu et c’est mieux comme ça, mais t’es encore un peu paniquée d’avoir dû attaquer Atticus. Tu repenses à sa tête qu’a heurté le sol, puis à la tienne. Tu passes ta main à l’arrière de ton crâne, ça te lance donc tu l’enlèves aussitôt. Si tu y penses, tu mettras de la glace. Tu te lèves pour bouger un peu, puis ton cœur manque un battement. Une porte c’est ouverte, une voix c’est élevée et tu sais que c’est pas bon. Tu te tournes doucement vers l’intrus avec une tête qui ferait presque rire si elle ne faisait pas tant pitié. Il te surplombait de toute sa colère et avec ton mètre vingt les bras levés t’étais pas impressionnante du tout. Tu tentes un sourire, tellement crispé qu’il ne sert à rien. Puis de toute façon, tu te retrouves rapidement encerclée par les bras d’Atticus. Tu bug, il est fâché ou pas ? Mais il répond vite à cette question sans que tu aies besoin de lui demander.
Quand il lâche sa prise et que tu prends la peine de l’écouter, tu ne le regarde pas dans les yeux. Tu sais que tu perdrais tout moyens de lui mentir. T’aimes pas ça mentir, mais c’est soit toi qui y passe, soit Chaussette pour t’avoir pousser à t’inscrire. « Personne. » souffles-tu, mensonge évident, ce n’était clairement pas ton genre de faire ça toute seule. Mais t’as croisé les bras pour faire comme ci. « Tout le monde peut être gravement blessée dans des duels. » c’est vrai, pourquoi toi plus qu’un autre ? Certes tu n’es pas très douée avec ta baguette, mais il y en a pleins qui peuvent se retrouver avec des cotes cassés dans le tas de sorciers qui participent. « Puis... » lui aussi tu l’as blessé. Les glaçons seront pour lui d’ailleurs. Tu files à l’autre bout de la pièce et sort un torchon, mets des glaçons dedans et le ferme avec un nœud. Sur la pointe des pieds tu lui poses sur là où tu suppose que la bosse se trouve. « voilà. » tu pinces les lèvres, c’est toi qui a fait ça. « C’est Chaussette. » tu chuchotes mais tu sais qu’il t’entend, tu la vends comme on jette un morceau de viande à un chien enragé. Désolée Chaussette, que tu penses penaude.
De lui avoir fait ça tu t’en veux. De lui avoir fait peur comme de lui avoir fait mal. T’as essayé de lancer des sorts plus stupides les uns des autres juste pour pas le blesser. Ces duels c’était vraiment un coup à te bloquer l’esprit et à t’empêcher de reprendre une baguette. Si ça avait été plus grave que juste une bosse tu te serais sans doute cantonnée à la théorie magique pour le reste de ta vie. Et ça aurait pas été plus mal, moins de catastrophes.
Mais voilà qu’il y a du froid sur ta tête et qui réveille tes pensées, si au début ça fait mal ça se calme en quelques secondes. Tu te demandes quel genre d’amie tu es à avoir vendu Chaussette comme ça, puis au fond, c’est toi qui a signé. Elle t’a juste encouragé à prendre ton envol, à te prouver que tu valais quelque chose avec ton bout de bois et ton cerveau. Tu prends le torchon rempli de glaçons et murmure un « merci ». « Je m'occuperai de Chaussette plus tard. » tu fais la grimace, tu veux pas qu’il se fâche et encore moins contre elle. Et même s’il te dit de ne pas t’en faire, tu t’en fais. Mais des mots chauds viennent te heurter de plein fouet, mais, à croire que les glaçons sur ta tête les chasse, tu souris pas. Toi l’optimiste, t’as pas envie de sourire, parce que t’as raté trop de sorts. « Tu t'en es bien sortie. » à ces mots, tu réponds vite à Atticus, « Parce que c’était toi en face ». Si ça avait été n’importe qui d’autre, tu ne sais pas si le résultat aurait pu être mieux. Tu aurais moins hésité, certes, mais de vous deux c’était Atticus qui s’était le plus retenu. Mais tu te dis qu’il le prendra mal, qu’il va encore froncer les sourcils et avoir les cheveux rouges. Alors t’accompagnes ta réponse, « Si ça avait été quelqu’un d’autre j’aurais gagné sans aucun doute ». T’as puisé dans le peu d’humour que t’avais à l’instant, parce que bien évidement t’y croyais pas une seconde. Tu te serais fait écrasée, mais t’aurais préférée. « On peut pas dire que je m’en suis bien sortie si c’était pas sérieux hein » t’as une voix trop douce pour qu’on prenne ça pour de la colère. Au final c’était plutôt l’acceptation du fait qu’Atticus ne pouvait pas se battre sérieusement contre toi. Tout comme tu ne pouvais pas contre lui. Tu voulais au fond de toi, qu’on arrête de te prendre pour une enfant.
Ce pardon t’arrache étrangement le cœur, tu te sens mal d’avoir parlé ainsi. Sa réaction te crevait tout les muscles et les poumons. Décidément, t’aimais pas ce genre d’instants. Tu aurais peut-être préférée qu’il t’en veuille plus pour ne pas toi même avoir une raison de lui en vouloir. Mais tu en as une, et la seule excuses c’est que tu es une de ces faibles qu’on ne veut pas toucher de peur de la briser. Mais tu veux revendiquer que tu n’es pas en sucre, que cette bosse au final elle s’en ira. Mais toi aussi t’as eu peur pour lui, alors dans ta tête ça fait un drôle de manège. Les raisons d’être inquiète, de culpabiliser et de lui en vouloir s’entassent et c’est trop de choses en même temps. Tu sais pas ce que tu dois faire alors tu te tais et tu ajuste la glace qui te gel les doigts au passage.
Les yeux qui fixaient le sol se relèvent à la mention de revanche. Est-ce que tu en seras capable ? Si tu oublies tes principes sans doute. Il te faut tout oublier si tu veux te débarrasser de cette peur de faire mal. Sa proposition ramène ton sourire à sa place, même si profondément stupide. « Sans public ? Personne ne sera là pour voir que je t’ai battu ? » ce n’est pas plus mal, mais tu essayes de mettre un peu d’humour maintenant qu’il a chassé tout ce qui se mélangeait dans ta tête. « Et tu sais quoi ? » un sourire sarcastique se pointe sur tes lèvres, ce n’est pas le genre de sourire qu’on te voit souvent faire, « je crois bien que le crache-limaces est mon sort favoris ». Ou l’inverse ? Tu sais qu’il n’est pas agréable, mais il fut bien drôle pour l’audience. « Donc si tu te retiens, prépares beaucoup de seaux ». Menace quasi véridique, tu n’apprécierais pas qu’il se retienne une deuxième fois. Tu veux vraiment être forte.
La pensée t’effleure, Chaussette serait un parfait témoin. Elle qui t’a encouragé à participer à ce tournoi, tu penses que ça ne serait que justice de lui accorder cet honneur. Ça sonne comme une blague dans ta tête, inconsciente. Jouer avec le feu est dangereux, pourtant les flammes sont tel un aimant et tu ne saurais résister à leur beauté. Mais les vapeur de ces idées s’échappent pour laisser place à une menace plus sérieuse. « T’es horrible » visage fière aux allures stupides, ces expressions ne vont pas aux jeunes filles comme toi. Un ricanement s’échappe d’entre tes lippes, tu as du mal à croire que quelques minutes plus tôt il était en colère. Puis quand il dit qu’il se retiendra pas ça te fait du bien, ça te chauffe le cœur. Pourtant à la mention de l’entraînement tes muscles te disent non, t’es trop fatiguée pour ces conneries. « Sans doute » dis-tu sans plus d’entrain.
« Enfin, demain on continue les duels. J'espère que tu viendras m'encourager. » tu replaces les glaçons sur la bosse alors que lui enlève les siens. « Évidement que je viendrais. » t’es à moitié timide pour le coup, pour aucune raison valable. Ou si, parce que tu ne supportes pas la foule et que tu vois bien le monde qu’il y a dans les gradins. S’il n’a plus à s’inquiéter pour toi, l’inverse n’est pas vrai. Ce tournoi ça va être un film d’horreur pour toi. Il en parle comme d’une anecdote pourtant, tu penses qu’il ne devrait pas. Tu te lèves pour le rejoindre du coté cuisine et poses à ton tour les glaçons près de l’évier. « Et qu’est-ce que tu vas nous cuisiner ? » c’est une réponse dans une question, parce que tu ne refuses jamais qu’on te fasse la cuisine. T’es pas la meilleure cuisinière qui soit, il faut l’avouer. « Si tu reviens avec une seule égratignure tu dors dehors » marmonnes-tu en enlevant les glaçons des torchons que tu mets à sécher. Ce tournoi va te tuer.
Les torchons froids te brûlent le bout des doigts, déjà glacés par les glaçons qu’ils contenaient. Tu écoutes Atticus parler du menu de ce soir, ça te fait te sentir bien. Quelque chose de sain, ça ne serait pas de trop aujourd’hui. Avec cette aventure dans l’arène. Tu ne protestes pas à l’idée d’une ratatouille. Tu ne réponds pas à sa question que tu penses plus rhétorique qu’autre chose, il sait où trouver les légumes. C’est un peu chez lui aussi au final. Tu préfères marmonner des idioties, une menace qui sort difficilement puisque ce n’est pas ton habitude. Mais tu ne peux pas vraiment t’empêcher d’être inquiète pour ton ami. Si tu as réussi à lui faire une bosse, qu’est-ce que les autres pourraient faire ?
Il se tourne et tu le regardes droit dans les yeux, il avait intérêt à ne pas raconter de salades. Il avait vraiment intérêt. Mais qu’est-ce que tu pouvais bien y faire de toute façon toi ? Du haut de tes petites jambes. « j’espère bien » que tu réponds du bout des lèvres. Ses paroles essayent de te rassurer, mais il n’y aura qu’à la fin de ce tournoi que tu seras complètement dégourdie. « Il y a beaucoup de gens à Asvos qui s’en fichent d’être gentil tu sais. » tu détournes le regard, gênée d’être si inquiète. Un soupir t’échappe et au final tu essayes de passer à autre chose. Tu t’efforces, comme à ton habitude, de te dire que tout ira bien. Tu sors une casserole pour l’aider à préparer le repas, mimant un sourire parce que ça fait toujours son effet. Une voix dans ta tête, un petit écho, te dit que tant que tu souris rien ne pourra arriver. Tu poses la casserole dans l’évier et tu sors ta baguette, voulant tenter un aguamenti. Mais tu te ravises et poses le bout de bois à coté et tu fais couler de l’eau du robinet. Tu ne sais plus combien il en faut alors tu te décales juste et tu observes ton ami.