Le cul vissé sur une chaise depuis l’aurore, il n’y avait pas un chat à la bibliothèque. Tu t’en fichais un peu puisque tu pouvais garder ton nez collé aux pages jaunis de ce merveilleux roman. Une histoire qui fini bien ça te donne toujours le sourire. C’est jusqu’aux oreilles qu’il s’étire, alors que tu tournes la dernière page pour arriver à la fin. Tu le fermes avec soin ce joli bouquin. Tu sens des petites fourmis qui fricotent avec tes jambes, tu les étires mais rien n’y fait. De la patience, c’est tout ce qu’il te faut. Bien précieux que tu n’as sans doute jamais réellement possédé. Tant qu’elle peuvent te faire tenir debout, tu marcheras et les fourmis s’enfuiront bien à un moment.
Un tour de clef pour fermer la grande porte de la bibliothèque. Une chaleur vive te frappe mais rien de plus brusque ne suit. Bataille acharnée avec le soleil d’été, ce n’est pas vers la Ruche que tes pieds te guident mais vers un endroit bien différent. Un endroit où le soleil n’agressera plus ta peau et où la sécheresse n’existe pas. Quand tu rentres dans la Corne d’Abondance, c’est une délivrance de fraîcheur. S’il y fait toujours chaud, ça ne se ressent pas comme dans la rue. Pourtant, toi tu entres comme un soleil avec ta petit robe aux couleurs de ton clan. Tu t’en vas vers le bar et t’assois sur un tabouret, mais pour être sur d’être vu, tu ramènes tes pieds sous tes fesses et poses tes coudes sur le comptoir. Accroupie ainsi tu es presque à la hauteur des colosses qui se déshydratent à coup de pintes de bière. « Bonjour Olympe » lances tu joyeusement à la gérante pour attirer son attention. Si l’endroit n’est pas conseillé pour les jeunes filles comme toi en générale, tu t’en fiches bien. C’est une tout autre odeur et ambiance qu’on y trouve, bien que les effluves du malt ne soient pas tes préférés, tu y es d’une certaine manière, assez attachée. Elles te rappellent les longues discutions que tu as pu avoir avec ton amie. Tu sais qu’ici il y aura toujours de la place pour toi sur un siège et qu’il y aura toujours du monde pour éviter cette solitude affreuse même dans la ruche. « Je peux avoir un verre de lait, s’il te plaît ? » tu as toujours tenu a faire des phrases entières pour demander quelque chose, malgré la manie de beaucoup d’autres à seulement baragouiner le nom d’une boisson et tendre la monnaie. Le ridicule de ta boisson n’est plus relevé depuis un moment, puisque les habitués t’ont déjà vu maintes fois. Tu espères secrètement que ça va te faire grandir, au moins un peu.
Elle était de celle qui savait ce qu'elle voulait. Elle en avait l'autorité. Pour autant, elle n'était pas née avec le compas dans l’œil. Au grand désarroi de ceux qu'elle dirigeait. Les mains sur les hanches, elle suivait avec application le travail de ses compagnons. Un petit peu plus à droite. Non à gauche. À gauche !! Enfin! Les fanions étaient correctement installés. Il restait les guirlandes lumineuses; au plus grand désarroi de ses hommes.. Le duel des trois baguettes annonçaient une recrudescence de la clientèle. Elle se devait de les accueillir correctement. Avait-elle commander suffisamment de boissons et de mets pour les jours à venir ? La question la taraudait. Elle ferait mieux d'assurer ses arrières et de passer commande à nouveau...
La chaleur était étouffante. Habillée d'une simple robe rouge, elle suffoquait. L'établissement au contraire était frais. Elle soupira, soulagée. Elle s'avança vers le bar. Les bières réservaient à ses hommes étaient prêtes, de même que les sandwichs. La magie avait fait un bel œuvre. Une salutation l'interpela. « Ange ?» S'exclama-t-elle, étonnée. « Je ne t'attendais pas si tôt.» dit-elle en s'approcha de son amie, le sourire aux lèvres. « Excuse-moi, les préparatifs nous prennent plus de temps que prévu. Mes hommes commencent d'ailleurs à avoir faim et soif... ». Elle sortit une bouteille de lait frais et lui présenta un verre plein à ras bord. « Cela te fera du bien. Je m'absente deux minutes et nous pourrons parler ». Elle quitta l'établissement, suivie des sandwichs et des verres de bières, virevoltant au dessus de la clientèle.
Elle revint quelques minutes plus tard, accompagnée de quelques clients qui avait trouvé refuge en son établissement. Elle leur présenta une table vide avant de rejoindre Ange. « Le duel des trois baguettes nous amène des sorciers des quatre coins de l'enclave. Je suis pressée d'y assister. T'es-tu inscrite ? Devrais-je te soutenir ? »
Ton amie s’active, le bar s’est habillé en conséquence des futurs événements. l’ambiance est encore plus chaleureuse que d’habitude et ça forge des sourires sur toutes les lèvres. Elle répond à ta demande bien vite et s’en va. Tu l’attends avec impatience, mais tu sais qu’elle a bien des choses à gérer. Des gens de toutes l’enclaves arrivent à Ingary pour le tournoi des trois baguettes. Elle doit être bien occupée, elle en prépare des choses. Tu lui réponds un simple « d’accord » accompagné d’un sourire pour l’encourager. Elle doit vivre ce genre de journée qui, quand elles s’arrêtent, font un bien fou. Il y a des jours où on attend simplement que le soir arrive pour que toute cette folie s’arrête.
Tu sirotais tranquillement ton lait en l’attendant. Tu l’observe alors qu’elle dirige d’autres clients avant de te rejoindre. Elle commence la conversation directement sur ce que tout le monde attend. C’est à la jugulaire qu’elle t’attaque sans le savoir. « Tu dois être bien occupée. » tu essayes un instant d’esquiver le sujet des inscriptions, puis tu te résignes car elle a le droit de savoir. Il fallait que tu assumes tes actes. « Oui je me suis inscrite » chuchotes-tu timidement. Ce n’était pas du tout ton genre de participer à des tournois, encore moins des duels qui impliqueront la violence. « Mais ne le répètes pas s’il te plaît ! » supplication enfantine, tu avais trop peur que cela tombe dans les oreilles de certaines personnes. Tu ne voulais pas que des amis s’inquiètent. « Et toi ? Tu t’y es inscrite ? »
Elle avait voulu esquiver. Elle n'avait pas tenu bien longtemps face au regard inquisiteur de son amie. Elle était au courant. Il était difficile de lui cacher les choses quand la plupart de ses clients avaient beaucoup à dire. Elle devait l'avouer, son estomac s'était légèrement noué. Elle n'appréciait pas cette idée. Elle ne voulait pas que sa petite Ange se blesse dans un duel. Elle l'estimait. Mais c'était le jeu ma pauvre Lucette. Cela n'empêchait pas que des évènements fâcheux pouvaient subvenir en conséquence si elle devait être trop abimée.
Elle savait. Et pourtant, elle se mordilla la lèvre. Un réflexe. Elle ne l'avait pas maitrisé. Elle sourit aussitôt. Elle était encore là. Pourquoi penser toujours au pire ? Elle ressemblait à une gamine de 16 ans. Elle en avait peut-être le tempérament également ? La crainte laissa place à la curiosité. Comment allait-elle se débrouiller face à un adversaire en proie au succès. « Promis. Je serai muette comme une tombe !» dit-elle amusée. « Je serai présente pour te soutenir. Quand je ne serai pas en train de promouvoir mon bar...». Elle avait prévu de mettre le paquet. Les vêtements, le maquillage, les banderoles. Ses salariés en étaient dépités.
« Ce qui explique que je ne pourrai pas participer à ce duel... Et puis, cela m'aurait attristée que l'on soit adversaire... ». En effet, elle n'aimait pas perdre. Elle pouvait se montrer assez déterminée. Voire trop déterminée.
Un soupir de soulagement t’échappe quand elle promet de tenir sa langue sur ta décision. Participer au tournoi, cette idée n’est pas de toi mais tu as choisi d’essayer. Tu veux, encore inconsciemment, te prouver des choses. Un coup à te blesser et à blesser d’autres peut-être. Tu adresses un sourire enjoué quand ton amie parle de te soutenir, elle sera peut-être ton encre dans les gradins ? Tu doutes avoir le temps de regarder autre chose que ta cible cela dit. « Merci Olympe » ton doux et presque niais, ça te faisait plaisir qu’elle n’essaye pas de te retenir. Qu’elle te fasse assez confiance pour te laisser tenter. Un regard amusé collé à tes pupilles, tu ne pouvais qu’imaginer la jeune femme avec une énorme pancarte « La Corne d’Abondance » dans les gradins. Une scène presque irréaliste.
L’idée de tomber sur un membre de ton clan au premier tour ne t’avais pas choquée au début, mais quand elle le mentionne c’est un drôle de frisson qui te parcoure. Tu espérait tomber sur Sahil, au moins tu ne retiendrais pas tes coups. Pas trop. Si tu tombais sur quelqu’un que tu connais trop bien, tu t’en voudrais énormément. « Si tu as besoin d’aide pour promouvoir ton bar je suis là ! » tu sais qu’elle a déjà une armée de petits bras pour ça, mais ça te tenait à cœur d’aider tes amis. « Je pourrais peut-être mettre un t-shirt exprès... » tu ne laisses pas le doute planer, tu réponds à ta propre proposition, « quoique si je perds -ce qui sera probablement le cas- ça te ferait une mauvaise pub ». Tu sirotes un peu ton lait en regardant Olympe, elle avait cet aura.
L'idée du t-shirt était très intéressante. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Il fallait absolument qu'elle les commande avant le début du tournoi ! Est-ce que les membres de son clan accepteraient de jouer le jeu ? Peut-être pas... Elle devrait certainement toucher la corde sensible pour certains d'entre eux. L'intimidation ou la pression via quelques informations compromettantes devrait convaincre les plus récalcitrants. Merci Ange, tu assures !
Dans son délire, Olympe n'entendit pas les propos de son amie. Pour autant, son discours n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Le petit vieux installait non loin ne manqua de lui répondre. « Enfin ma petite ! Dire des choses pareilles !» s'exclama-t-il en posant brutalement sa choppe de bière sur le bar. Olympe quitta le monde des rêves (pognoooon) pour rejoindre la réalité et stoppa net l'époussetage de ses verres. « Quelque chose ne va pas vieux Stan ?» S'inquiéta Olympe. La tête de cet étrange bonhomme tomba net sur le bar laissant la pauvre gérante sans réponse. «L'alcool lui est montait très vite à la tête aujourd'hui... Le pauvre... Il n'aura pas eu le temps de gouter à la dernière spécialité que j'ai importé du clan des Liontari.» Dit-elle dépitée. « Enfin... cette idée pour promouvoir mon établissement est excellente Ange, je vais m'y atteler dès que la décoration sera terminée.»
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